Autres vœux 2024

17 Janvier 2024 , Rédigé par Maurice Zylberberg

L'un de mes fidèles lecteurs (ils ne sont pas très nombreux, mais fervents) m'a gentiment dit que je n'étais pas quitte en mêlant trop facilement Noël et jour de l'an.
J’avais en effet glissé subrepticement une “Bonne année”, avec mon “Joyeux Noël”, après avoir formulé un seul vœu, dont il est d’ailleurs peu probable qu'il se réalise...
Or donc, sensible à une juste remarque et soucieux de ne pas demeurer sur un échec annoncé, en voici une brassée complémentaire, dont j’ose espérer qu'au moins l'un d'eux aboutisse, d'autant qu'ils sont appuyés par quelques poètes en tous genres.

Que le destin de notre vieux pays ne dépende plus d'un “sauveur” (ni même d'une “sauveuse”) mais d’une réelle démocratie. Nous n'avons plus de grand homme, mais des petits qui grenouillent et sautillent de droite et de gauche avec une sérénité dans l'incompétence qui force le respect (1).
Qu'on apprenne un peu à vivre ensemble : Aucun peuple ne tolère / Qu'un autre vive à côté / Et l'on souffle la colère / Dans notre imbécillité (2).
Que cessent les combats sanguinaires : Quelle connerie la guerre / Qu'es-tu devenue maintenant / Sous cette pluie de fer / De feu d'acier de sang (3).
Croire aux cieux, croire aux dieux, même quand tout nous semble odieux (4).
Que le dialogue social dans l’entreprise soit sincère et que les patrons français s’inspirent du beau constat de l’un d’entre eux : Quand la relation entre management et opérateurs est forte et empreinte d’humanité, quand la confiance prédomine et que le contact est direct, les conflits sont moins nécessaires, les équipes plus heureuses et les syndicats nécessairement plus constructifs (5).
Qu’on réfrène la folie consommatrice qui nous avilit et bousille la planète… Aïe, on nous fait croire / Que le bonheur c'est d'avoir / De l'avoir plein nos armoires (6).
Qu'on se persuade que nous avons encore plus besoin d'une dimension sociale à l'échelle de l'Union européenne (7). En tout cas... Votez le 9 juin !
Ne pas perdre de vue que... Il est terrible le petit bruit de l'œuf dur cassé sur un comptoir d'étain il est terrible ce bruit quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim (8).
Il faut aimer la vie et l'aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants (9).
Se convaincre que la seule façon de ne jamais être remplacé par l'intelligence artificielle, c'est de continuer à faire le con (10).
Ne pas croire que Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées (11).
Ne pas penser que seuls les autres sont responsables des malheurs qui nous accablent. Et s’il y a tant de misère sur terre / C’est grâce à toi, mon frère / Si nous sommes affamés, épuisés / Si nous sommes écorchés jusqu’au sang / Pressés comme la grappe pour donner notre vin / Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non … /… Mais tu y es pour beaucoup, mon frère (12).
Que les hommes comprennent enfin qu’une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère et cessent de nier ce qui demeure un poison social : La femme se détermine et se différencie par rapport à l’homme et non celui-ci par rapport à elle ; elle est l’inessentiel en face de l’essentiel. Il est le sujet, il est l’Absolu : elle est l’Autre (13).
Allez, un p’tit dernier vœu, secret celui-là, pour ne pas m’en tenir à 13, même si je ne suis pas superstitieux, parce que la superstition ça porte malheur (14).

Bonne année !

Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis (1985).
Victor Hugo, Liberté, égalité, fraternité (“Les Chansons des rues et des bois”, 1865).
Jacques Prévert, Barbara (“Paroles”, 1946).
Serge Gainsbourg, Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve (1983).
Jean-Luc Pardessus, Éloge du bordel organisé en entreprise (InterEditions, 2018).
Alain Souchon, Foule sentimentale (1993).
Jacques Delors (Les Échos, 2013).
Jacques Prévert, La grasse matinée (Paroles, 1946).
Renaud, Mistral gagnant (1985).
D’un ami dont je tais le nom par respect pour son intimité (2023).
Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour (1834).
Nâzım Hikmet, Tu es comme le scorpion mon frère (Akrep gibisin kardeşim, 1947).
Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (1949).
Citation d'André Jeanson, souvent attribuée à tort à Jean-Paul Sartre, Sacha Guitry ou Coluche.