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Les états d'âme de MZ

Terrorisme et leçons de l'histoire

19 Octobre 2023 , Rédigé par Maurice Zylberberg Publié dans #Politique

D’abord le silence.

Puis, tenter de surmonter le dégoût, la stupeur, réprimer cette bouffée de colère qui conduit à la haine…

Ecrasé par l’actualité qui, encore et encore, révèle affreusement la face sombre de la condition humaine, je suis troublé par nombre de réactions politiques et médiatiques, particulièrement la sorte de course au brevet de bonne conduite selon qu’on attribue ou pas le mot “terroriste” au Hamas ou, pire, que l’on renvoie dos à dos le Hamas et Israël.

Les réactions des pays occidentaux qui condamnent unanimement le Hamas sont légitimes, mais je suis choqué par le soutien inconditionnel d’Israël, dont la responsabilité dans la dérive de violence sauvage est écrasante. Quelle que soit l’horreur des agressions terroristes, les déclarations des membres d’extrême-droite du gouvernement de l’état hébreu, y compris de Netanyahu lui-même, sont odieuses.

Aucune cause, aussi légitime soit-elle, ne peut justifier de massacrer froidement des “victimes innocentes” (comme on dit, mais y a-t-il des victimes coupables ?) ou de les prendre lâchement en otages. Dénoncer les actes atroces du Hamas au petit matin du samedi 7 octobre et qualifier cette organisation de “terroriste” est évidemment juste, mais cela suffit il ?

Camus nous manque cruellement, qui disait si lucidement “Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde”. J’ose ajouter encore que nommer incomplètement revient au même.

Qui sont les terroristes ?

Les communards de Paris ont été considérés comme terroristes par Adolphe Thiers et les Versaillais, qui les fusillèrent systématiquement au cours de la semaine sanglante de mai 1871. Les jours suivants, les cours martiales continuèrent à condamner à mort. Il suffisait qu'une femme fût pauvre et mal vêtue pour être exécutée comme “pétroleuse”. Ce n’était pas du terrorisme, c’était “l’armée de l’ordre”.

Les résistants de l’affiche rouge ont été désignés comme terroristes par l’occupant nazi qui tortura et exécuta systématiquement les “libérateurs de l’armée du crime”. Ce n’était pas du terrorisme, c’était le “maintien de l’ordre”.

Aux atrocités commises par le FLN durant la guerre d’Algérie, le gouvernement français (prétendument socialiste) répondit par la répression de la population civile et la torture. Ce n’était pas du terrorisme, ce furent des “opérations de maintien de l’ordre”.

Aujourd’hui en Israël/Palestine, continuer d’occuper par la force des territoires conquis par les armes, ériger des “barrières de sécurité” à tort et à travers, implanter illégalement des colonies avec l’évidente volonté de rendre impossible une quelconque continuité territoriale pour l’hypothétique État palestinien, humilier au quotidien une population systématiquement suspectée de terrorisme, bombarder massivement l’enclave de Gaza au prétexte de détruire définitivement le Hamas, si ce n’est pas du terrorisme, c’est quoi ?

Comment renouer le fil du dialogue entre Israéliens et Palestiniens ? Je ne sais pas, mais il est évident que chaque frappe de Tsahal sur la population civile fera se lever un nouveau combattant vengeur.

Après 75 ans de guerres à répétition, n’est-il pas temps que le malheur succombe ?

 

P.S. Quant à l’assassinat d’Arras, comment expliquer le geste du jeune “radicalisé” autrement que par l’exemple morbide de l’assaut sanglant du Hamas fêté par certains exaltés de la cause palestinienne ?

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M
Merci pour cette analyse lucide. La situation actuelle résulte du refus de la part des 2 parties de la création de 2 états. Le Hamas refuse l'existence de l’État d'Israël, Celui ci consacre son temps à occuper illégalement la Cisjordanie. Je crains que le conflit ne dure très longtemps encore....
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C
Ton silence était assourdissant, mais tellement nécessaire. Merci pour tes mots. A bientôt. Bises
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