Figurez-vous que je devais donner hier une conférence sur le thème de « L'Union européenne au début d'une nouvelle mandature ».
Tandis que mon propos est reporté à je ne sais quelles calendes, voici que la drôle de guerre que nous vivons, éclaire d'une lumière blafarde l'Europe en insuffisance respiratoire, asphyxiée par ses institutions inopérantes.
Il n’y a pas de meilleure démonstration de la nécessité d’une Europe fédérale que les gesticulations nationales sur un continent à nouveau en proie aux déchirements dévastateurs : six heures du dernier Conseil européen virtuel pour accoucher péniblement d’un communiqué besogneux (ici)… en même temps que les vingt-sept généraux d'armées dispersées se disputent la distribution des maigres réserves de baïonnettes.
Alors que l’Europe rassemblée est la première puissance commerciale du globe (si, si, vous pouvez vérifier), elle reste complètement entravée dans ses convulsions contradictoires et elle continuera d'offrir ce spectacle navrant si elle persiste à demeurer un nain politique.
Il suffit pourtant de regarder une planisphère pour comprendre que les Etats-membres qui composent l’Union européenne sont des confettis au regard des grands ensembles qui dominent la planète.
Saura-t-on tirer dans l’après-guerre les leçons de cette énième débandade ?
Les nouvelles promesses de lendemains qui chantent la coordination et la solidarité post-confinement conduiront-elles aux réformes qui s’imposent ?
En attendant la levée d’écrou, et puisque mon grand âge me tient éloigné du front, je m’incline respectueusement devant les multiples unités combattantes démunies de blindés, mais je dois avouer que le confinement ne me déplaît pas.
Cette situation inédite exacerbe les typologies d’homo sapiens et je ne suis pas fâché de rester à l’écart de mes concitoyens de l’arrière (pas toujours le citoyen qui domine) et j’observe sur les étranges lucarnes, mi-amusé, mi-consterné, la résistible comédie humaine dans laquelle se côtoient l’héroïsme et la lâcheté, le dévouement bienveillant et l’égoïsme spéculatif.
Restons à la maison et méditons.