Lundi dernier, j'étais allé au cinéma pour voir L'Établi, excellente adaptation du magnifique récit de Robert Linhart.1
Tandis que j'étais encore tout imprégné de la rude condition ouvrière évoquée (j'y reviendrai dans un prochain billet), j'ai visionné en léger différé l'intervention de notre sémillant président Macron.
J'ai très vite pensé au discours de Louis XVI, prononcé le 5 mai 1789 à l'ouverture des États généraux2, qui a probablement inspiré notre premier magistrat : “Une inquiétude générale, un désir immodéré d'innovations se sont emparés des esprits et finiraient par égarer totalement les opinions, si on ne se hâtait de les fixer par une réunion d'avis sages et modérés. Les esprits sont dans l'agitation. Je connais l'autorité et la puissance d'un roi juste au milieu d'un peuple fidèle : je dois en être le soutien, et je le serai constamment. C'est le souhait de mon cœur, c'est le plus ardent de mes vœux, c'est enfin le prix que j'attends de la droiture de mes intentions et de mon amour pour mes peuples.”
On connaît la suite et le sort tragique réservé au malheureux Capet, que je ne souhaite évidemment pas à SM Emmanuel.
Cependant, comment ne pas remarquer qu'il présente les mêmes symptômes d'aveuglement que son illustre prédécesseur en niant toute responsabilité dans la crise actuelle, sans envisager toutefois le moindre changement dans sa gouvernance, allant même jusqu'à tancer sa première chambellane parce qu'elle avait osé murmurer qu'elle ne ferait plus un usage immodéré du piteux 49.3.
Enfin, se donner cent jours comme horizon de changements prétendument radicaux, n'est-ce pas d'ores et déjà envisager le couperet de l'abdication... Au profit de qui ?
Qui, pour lui succéder, oserait engager les réformes institutionnelles qui s'imposent pour sortir de la crise démocratique sans se prendre pour le roi des français ?
Quant à l'hypothèse de couronner une reine, Dieu nous garde de cette perspective dans le contexte actuel3.
1. Ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, “s'établissaient” dans les usines ou les docks. L'auteur a passé une année, comme 0. S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
2. Texte intégral ci-joint.
3. Vous aurez compris que mon propos ne relève pas d'un quelconque anti-féminisme.