J'ai attendu un peu, symboliquement, après la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (1), parce qu'il ne suffit pas, une ou deux fois par an, de plier un genou à terre et de retourner ensuite à ses discriminations ordinaires.
En lisant l'éditorial "Si j'étais un homme" de la toujours excellente Florence Chédotal dans ma gazette auvergnate quotidienne (ci-joint), je me suis senti personnellement visé : comment mieux dire l'accablement d'être au beau milieu des rangs masculins, où se trouvent aussi les violents et les violeurs ?
Je suis femme, comme j'ai été Charlie ou Samuel Paty et parce que je ne me suis jamais senti spécifiquement homme.
Je n'ai jamais éprouvé le moindre sentiment de supériorité vis à vis des femmes et quand je regarde mes semblables, mes frères, j'ai plutôt un sentiment d'infériorité.
J'ai eu des patronnes ou des cheffes, ça ne m'a pas traumatisé, et s'il m'est arrivé de les détester, ce n'était pas la femme que j'abhorrais mais la patronne ou la cheffe.
Je me souviens encore du dégout éprouvé à la lecture de je ne sais plus quelle publication qui, un quelconque 8 mars, autre journée des femmes (2), invitait les managers (nécessairement masculins) à... offrir des fleurs à leur secrétaire (forcément féminine).
Et pourtant, comme tous les hommes de ma génération (3), j'ai probablement les stigmates grimaçants du machisme inscrit dans mes gènes par les millénaires d'une éducation fondée sur la gloire des mecs.
Or, c'est bien l'éducation qui est la clé du sujet : éducation familiale où les femmes elles-mêmes contribuent à perpétuer le rôle prépondérant de l'homme, éducation nationale en train de s'effondrer par manque de moyens, comme l'hôpital et l'ensemble des services publics, puisque notre État républicain a pour seule boussole l'économie et la finance.
Et ceci n'est pas une autre histoire, car la lutte contre les violences faites aux femmes se combat à la racine, là où se façonnent les citoyens (4) de demain.
Alors, oui Florence, je veux prendre ma part et dire haut et fort, en toutes occasions, l'indispensable (r)évolution qui doit s'opérer pour que la femme ne soit plus la proie victime de l'ignoble prédateur, pour que cesse toute forme de discrimination et que nous fassions ensemble changer les choses.
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(1) Le 25 novembre 1960, trois femmes dominicaines, les sœurs Mirabal, furent assassinées sur les ordres du chef de l’État dominicain. L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 20 décembre 1993.
(2) La Journée internationale des femmes (selon l'appellation officielle de l'ONU), également appelée journée internationale des droits des femmes dans certains pays ou régions comme la France ou le Québec, est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la fin des inégalités par rapport aux hommes.
(3) Je suis né juste après que, seules, des femmes furent tondues pour avoir collaboré avec l'occupant nazi, tandis que les hommes avaient sans doute le cheveu trop court pour subir pareille humiliation.
(4) Je ne pratique pas l'écriture inclusive en attendant une solution plus simple de "démasculinisation" de l'ortograf.