Il y a 2 ans, dans mon article A propos de retraite, écrit au moment où le gouvernement tentait la réforme d'un système universel de retraite par points, je concluais ainsi :
“Il est bien évident que le dialogue social est la seule voie efficiente pour aboutir à un résultat convenable et je redis encore, au risque de lasser, que le syndicalisme français doit impérativement se réformer lui-même, faute de quoi il est condamné au déclin. La CFDT l'a bien compris mais si les autres grandes centrales ne suivent pas ce mouvement, nous continuerons à enchaîner d'épuisantes séquences d’affrontements inutiles.”
Et nous voici, de nouveau, plongés dans les délices de l'affrontement, la CFDT comprise... C'est dire l'aveuglement de nos gouvernants dont l'arrogant exercice du pouvoir solitaire les coupe de la réalité du terrain et les conduit à affaiblir le mouvement syndical* au lieu de le conforter. On snobe les corps intermédiaires en les consultant vaguement lors de rencontres de consultation qui n'ont qu'un rapport lointain avec la véritable négociation et la recherche d'un compromis gagnant-gagnant.
Enfermée dans une logique détestable qui consiste à faire plier l'autre par la force, Madame Borne vient de déclarer, à propos du report de l'âge légal : "Ce n'est plus négociable", comme si ça l'avait été un jour !
Or, la réforme des retraites est évidemment nécessaire, mais pas comme ça.
Je n'entends pas ici me prononcer sur le fond du sujet (même si j'ai ma petite idée) dont les enjeux sont parfaitement résumés dans l'article de clesdusocial.com que je vous recommande.
Vouloir réformer seul, contre l'avis de l'ensemble des représentants des travailleurs est une sottise doublée d'une faute politique grossière, qui ne peut qu'abimer la démocratie.
Au fait, est-ce bien une démocratie qui compte un article 49.3 dans sa constitution ?
Mais ceci est une autre histoire. Quoique...
* De plus en plus de syndicats et de moins en moins de syndiqués disent les uns, tandis que nombre de responsables politiques se gaussent du faible nombre de syndiqués dans le secteur privé (environ 8 %). Mais combien d’adhérents compte leur propre parti ? A elle seule, la CFDT en a autant que l’ensemble des partis politiques français… Quant au seul Syndicat allemand de la métallurgie (IG Metall), il en réunit autant que nos cinq confédérations (2,3 millions). Cherchez l'erreur !