Il y a 80 ans, le 7 juin 1942, l’occupant nazi en France imposait le port de l’étoile jaune à tous les juifs à partir de l’âge de 6 ans.
En zone dite libre, la mesure ne fut pas étendue. Pas par compassion, le maréchal Pétain l’ayant qualifiée de "juste mesure", mais parce que Pétain et Laval ne souhaitaient pas alarmer l'opinion qui, pensaient-ils, aurait pu prendre parti pour les Juifs.
Cependant, le marquage ne pose pas de problème à l’État français puisque le tampon "Juif" sur la carte d'identité devient obligatoire en zone non-occupée à partir du 11 décembre 1942.
Il est bon de rappeler que de larges mesures anti-juives avaient déjà été prises par le régime de Pétain, dès sa prise de pouvoir le 10 juillet 1940 : le 8 août, il fait annuler la loi Marchandeau qui interdisait les propos antisémites, avant de promulguer le premier statut des Juifs le 3 octobre 1940, leur interdisant d'exercer un certain nombre de professions. Pétain participe personnellement à sa rédaction, notamment en ce qui concerne l'enseignement, affirme le ministre des Affaires étrangères d'alors, Paul Baudoin.
En mars 1941, c'est la création d'un commissariat aux questions juives, suivie le 22 juillet 1941 de la deuxième loi sur le statut des Juifs. Ces lois ont été copiées ou inspirées par les lois nazies qu'elles égalaient en dureté. Cet ensemble législatif, non demandé par les Allemands, est un cas presque unique en Europe.
Les Juifs vont faire l'objet de 184 textes réglementaires ou législatifs dont 162 émanant des autorités de Vichy et 22 des autorités allemandes, a détaillé l'avocat Alain Jakubowicz, lors du procès Papon en 1998.
Les premières déportations commencent en avril 1942 à la demande des Allemands avec la complicité de l’État français.
Il y a 80 ans, le port d’un bout de tissu infamant a largement contribué à l’extermination des Juifs d’Europe.
Commémorer ce prélude à l’horreur ne suffit pas car le "marquage" revêt aujourd’hui d’autres formes et la désignation d’un bouc-émissaire demeure la démarche ordinaire de tous les ennemis de la démocratie et des droits humains.
Toute discrimination porte en germe la violence, toute stigmatisation est mortifère.