On achève bien “Le Machin”

“Le machin qu'on appelle l'ONU”⁽¹⁾ avait déjà du plomb dans l'aile… Il est moribond.

La décision de Trump de bombarder l'Iran, sans l'autorisation du Congrès américain et encore moins de l'ONU, achève de disqualifier une organisation dont les résolutions n'impressionnaient plus personne depuis longtemps.

La première démocratie (pour combien de temps encore ?) d'Occident donne le signal clair de la fin du multilatéralisme et consacre ainsi la loi du plus fort.

Nous basculons dans la précarité d'un désordre mondial généralisé et nous revenons à l'époque de relations internationales fondées sur le rapport de forces : c'est un recul considérable dont les conséquences sont imprévisibles.

Xi Jinping, Poutine et consorts se frottent les mains puisqu'ils sont exonérés d'avoir à répondre de leurs agissements devant une instance supranationale et d'y rendre des comptes.  

Qu'est-ce qui peut bien empêcher désormais la Chine d'envahir prochainement Taïwan et la Russie poutinienne d'intensifier encore le martyre ukrainien ?

Quant à l'Europe, impuissante, elle assiste médusée à l'effondrement de la démarche diplomatique en aggravant son cas par le spectacle pitoyable de ses divisions étalées.

Autre mauvais signe, les déclarations irresponsables du nouveau chancelier allemand félicitant Israël de “faire le sale boulot pour nous”. Autrement dit : tant pis pour le droit international au nom de l'efficacité immédiate.

J'entends de toutes parts que l'Europe doit se réarmer, face à la menace de Poutine notamment et voici que la dépense de sommes colossales s'envisage. En vertu peut-être de l'adage “Si vis pacem para bellum”⁽²⁾ ou pour répondre aux injonctions de l'homme à l'élégante casquette ? 

Est-ce absolument nécessaire ? Je ne sais pas, mais je sais que la course aux armements n'a jamais rien donné de bon...

Nous entrons dans une période redoutablement difficile et ce n'est vraiment pas le moment de baisser les bras et de céder à un abattement pessimiste, mais au contraire de croire et de dire inlassablement que les valeurs de démocratie et de liberté demeurent le fondement du vivre-ensemble. 

Que faire d'autre ?

Ah, si, encore une chose... Je crois que la posture de chacun d'entre-nous est déterminante pour l'avenir et, l'âge venant, je crois avoir compris le message dont je me suis moqué pendant des années : “Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre”⁽³⁾.

Il ne s'agit pas absolument pas d'accepter lâchement de se faire piétiner, mais de dire stop au cycle infernal de la violence et de refuser d'entrer dans la spirale sans fin de la vengeance.

Courage et détermination ! 

1. Déclaration du 10 septembre 1960 de Charles de Gaulle, premier monarque de la Vème république, déplorant que l'ONU fourre son nez dans la guerre d'Algérie.
2. L’origine de cet adage est inconnue^[]. Néanmoins elle est généralement attribuée à l'auteur romain Végèce (IV^e – V^e siècle), dont la phrase “Igitur qui desiderat pacem, praeparet bellum”, tirée de Epitoma rei militaris, s'en rapproche beaucoup.
3. Évangile selon Matthieu : 5-39.