« Les syndicats appellent à une journée nationale de grève et de manifestation interprofessionnelle ce mardi 5 octobre » ont titré la plupart des grands médias français, comme si, d’un seul et même élan, toutes les organisations syndicales étaient dans cette démarche.
Or, la CFDT (premier syndicat français), dont je demeure un adhérent fervent, n’était pas dans ce mouvement, et je m’en réjouis !
Pourquoi ? Parce que la grève ou la manifestation est un constat d’échec : soit l’échec d’une négociation, soit, pire, un aveu d’impuissance.
Parce qu’un syndicalisme moderne doit être un syndicalisme qui fonde son action sur le dialogue social et non pas sur l’affrontement.
Parce que la grève ou la manifestation doit demeurer l’arme ultime lorsque toutes les autres voies n’ont rien donné.
Figurez-vous que c’est la doctrine de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) dont il est utile de souligner qu’elle est présidée actuellement par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
Il est bon de dire aussi que la CGT et FO (principaux promoteurs du mouvement du 5 octobre), comme la grande majorité des organisations syndicales européennes, sont également affiliées à la CES. Etonnant, non ?
S’agissant donc de l’appel du 5 octobre, posons-nous la question de savoir quel type de dialogue social n’aurait pas abouti et demandons-nous également si une grogne généralisée, à l’endroit d’un vague interlocuteur qu’on se garde bien de définir précisément (le gouvernement ? Les entreprises ?) peut produire un quelconque résultat concret.
A moins qu’il s’agisse essentiellement de « mesurer » le niveau de mobilisation, ce qui revient à dire qu’on ne sait pas ce que pensent et veulent les gens ?
Bref, tandis que les syndicats dits réformistes, dont la CFDT, déploient leurs équipes sur le terrain pour inventorier les besoins, bâtir les revendications et rechercher les bons interlocuteurs et les meilleurs compromis, d’autres s’ingénient à souffler sur les braises des tensions sociales au risque de les exacerber et de nourrir la désespérance.