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Les états d'âme de MZ

Ancien Chargé de mission international à la Cfdt, Chargé de cours à Sciences Po sur le dialogue social européen, conférencier occasionnel, je partage certains de mes états d'âme avec mes frères et sœurs en humanité.

Une rentrée sans ministre

Au moment où nos “chères têtes blondes”... ou pas (vive la diversité !) reprennent le chemin de l’école, l’Éducation Nationale demeure sans ministre de plein exercice… et la France sans gouvernement, en attendant que notre Président résolve la quadrature du cercle infernal qu’il a lui-même tracé.

L’absence de ministre de l’Éducation n’est pas en soi dramatique : “La vacance actuelle du poste ne pose pas de problème particulier. L’administration a l’habitude et sait faire”, souligne une responsable syndicale de l’EN.

Cependant, c’est l’occasion de s’interroger sur ce que devrait être le rôle fondamental de l’École de la République : “Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines” (1).

Moins joliment dit, il ne s’agit pas seulement de transmettre des connaissances, mais surtout de faire éclore la pensée libre et émancipatrice, condition sine qua non de la citoyenneté responsable.

Les réformes conduites depuis plusieurs années ont presque toutes été rejetées par les organisations syndicales (étant rappelé à ceux qui les dénigrent qu’on a les syndicats qu’on mérite). Elles ont été mises en œuvre selon une approche essentiellement “comptable” et dans un esprit élitiste, parfaitement contraire, figurez-vous, à la lettre de la Constitution (2) que certains responsables politiques devraient relire de temps en temps.

Quant aux moyens à déployer, sans nécessairement creuser le déficit budgétaire, voyez ci-joint un article particulièrement édifiant qui dit notamment (3) :

  • Rappelons d’abord une évidence : on ne réforme pas (durablement) une institution à marche forcée. Depuis 2017 (et même avant), la précipitation et la brutalisation ont abîmé l’école et ruiné sa capacité d’évolution. Moins de « management », plus de ménagement serait bienvenue... Il faut apaiser et se donner du temps.
  • Le dernier rapport de l’OCDE rappelle que la France est un des pays où les résultats scolaires sont le plus déterminés par l’origine sociale (et) souligne aussi l’écart entre l’enseignement public et un privé dont la fonction est de plus en plus de préserver l’« entre-soi ».
  • La réforme de la formation initiale a été suspendue, mais il faudrait qu’elle soit rediscutée avec les partenaires sociaux. On pourrait aussi revenir sur l’interdiction de formation continue durant le temps scolaire qui est contraire à toutes les règles et ne répond pas aux besoins criants de formation.
  • Surtout, pour créer des postes, il faut des candidats. Mais peut-on croire qu’il suffirait d’augmenter les salaires des enseignants pour améliorer l’attractivité et les inscriptions aux concours ? Une remise à plat des conditions de travail et de la gouvernance doit être envisagée. Ce n’est pas qu’une question de moyens.
  • Quel que soit le ou la futur·e responsable de l’Education dans un prochain gouvernement, il ou elle aura à faire face à de nombreux chantiers pour apaiser et recréer la confiance et la capacité d’évoluer des personnels. Il lui faudra naviguer entre les écueils de la démagogie, de l’austérité et de la précipitation. Avec un cap : celui de la justice sociale.

Bonne rentrée !

 

1. Victor Hugo : “Faits et croyances”, 1840.

2. Article premier de la Constitution : “La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.”

3. Ci-joint l’article de Philippe Watrelot “Adresse au futur ministre de l’Éducation”, paru le 20/08/2024 dans Alternatives économiques.

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D
Merci pour cette analyse qui nous rappelle quelques éléments indispensables au bon fonctionnement de l’Education Nationale. Je retiens pour ma part qu’ il ne s’agit pas seulement de transmettre des connaissances, mais surtout de faire éclore la pensée libre et émancipatrice, condition sine qua non de la citoyenneté responsable.<br /> Depuis plusieurs années les diverses réformes n’ont pas été dans ce sens et cela explique peut être en partie l’état dans lequel nous nous trouvons…
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